SES MARINS & PÊCHEURS

__________ 3 juillet 1798 __________

ROBERT des Dalles

__________ Mai 1869 __________

UN HOMARD DE 3 KG 65 AUX GRANDES-DALLES

1869-05-23 "Le Petit journal"  (Gallica) HOMARD.jpg
« Le Petit journal »      et la photo d’un homard du même poids

__________ Septembre 1887 __________

Un marin des Grandes-Dalles, embarqué sur « la Patrie » d’Yport a fait naufrage sur la côte anglaise. (Après recherche, il doit certainement s’agir de Charles Alexandre Letellier (1871-1887). Il n’avait que 15 ans.

__________ 1894 __________

Liste des Marins des Grandes-Dalles embarqués sur le sloop du St-Pierre et St-Paul :

1894 St Pierre & St Paul.png
D’après les données recueillies par Françoise Jouette
1894 "St Pierre & St Paul"TOCQUE Joseph.jpg

Et le drame survenu le dimanche 14 octobre 1894, à l’est, des côtes Anglaises. Mort de deux marins, dont un Grand-Dallais, Joseph Jules Tocque 19 ans. Survenu sur le bateau,  suite à une rupture de poulie.

TOCQUE Joseph Jules +1894

__________ 1904-1910 __________

Liste des marins des Grandes-Dalles embarqués sur un dundee de Fécamp, nommé « Souvenir » durant quatre années.

1904-1910 "Souvenir"
D’après les données recueillies par Françoise Jouette

__________ 28 mars 1907 __________

Le marin Jules Maximilien DUBOC (1874-1907), fait parti de l’équipage du Notre-Dame de Lourdes, il ne reviendra pas. Il laissera derrière lui, aux Grandes-Dalles, une épouse Marie « Mélanie » Émilienne LETELLIER (1873-1936) et leurs quatre jeunes enfants, dont le dernier naîtra après sa disparition.

Le trois-mâts « Notre-Dame de Lourdes » était similaire au trois-mâts « le Marité« , qui est bien connu de nos jour.

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En 1907….
La même année, à Terre-Neuve, se perdirent les goélettes Saint-Pierraises la Blanche et la Madeleine; un trois-mâts de Fécamp, le Notre-Dame de Lourdes, coula avec son équipage. Beaucoup de doris chavirèrent; des hommes furent enlevés par des coups de mer, et plusieurs moururent d’accidents ou de maladies (4).

(4) Bulletin Œuvres de Mer, n°12, janvier 1908

Extrait du « Grande Peche de Terre-neuve Et D’islande » De J. M. Grossetête

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« Que le 19 mars 1907, le trois mats «Notre Dame de Lourdes », du port de Fécamp est parti pour la pêche à la morue sur le banc de terre-neuve avec le trois mâts « St Joseph »; que ces deux navires ont navigué de conserve* jusqu’au 28 mars ; que depuis le «Notre Dame de Lourdes » n’a jamais reparu, et qu’aucun des marins qui composaient l’équipage de ce navire, n’a jamais reparu et qu’aucun des marins qui composaient l’équipage de ce navire n’a donné de ses nouvelles; que dans ces conditions, il n’est pas douteux que le navire soit perdu corps & biens… »

*« naviguer de conserve » se dit de deux ou plusieurs navires suivant le même itinéraire.

Extrait du registre de l’État Civil de Fécamp du 20 juillet 1909, acte 205, transcription du jugement du Tribunal Civil du Havre du 8 juillet 1909, approuvant le décès des marins, disparu le 28 mars 1907.

__________ 1900-1920 __________

Souvenir côtier des Grandes-Dalles, en terre cuite, du début 20e

Couple de pêcheurs, signé : Céramique d’Art de l’Isle-Adam N°2.

__________ 17 déc. 1910 __________

Empoisonnement aigu par une vive

par le Dr JOHN H. SPITZLY (The Brit. med. Journ., 17 déc. 1910).

L’auteur avait pris, aux Grandes-Dalles, des poissons de diverses sortes qu’il tenait dans un panier de pêcheur. Son fils, âgé de quinze ans, saisit un poisson, qui se trouva être la Trachinus ripera ou vive et le piqua à l’index de la main droite, au milieu de la deuxième phalange.

L’enfant se plaignit presque aussitôt d’une douleur gagnant la main, le bras et l’épaule et s’accompagnant d’un état nauséeux. Le doigt devint énorme et violacé, le gonflement gagna le poignet, et l’enfant semblait très malade. Engorgement ganglionnaire de l’aisselle.

Incision le long du doigt, saignée abondante ; bain continuel dans une solution de permanganate de potasse à 1 p. 600, ou dans une solution phéniquée à 5 p. 100 alternativement. Petites doses de quinine. Les doigts et la main restèrent gonflés pendant quinze jours. Puis les glandes axillaires disparurent, et la guérison fut complète. Hypothermie pendant toute la durée de la maladie.

La Trachinus vipera ou vive est un poisson de 10 à 15 centimètres de long, ayant les dimensions et la couleur d’une grande sardine avec une tête un peu plus large et des yeux plus rapprochés. Il existerait des glandes à poison dans la bouche, et cela expliquerait le caractère dangereux des blessures faites par ce poisson. Il est bon à manger, frit ou bouilli, mais les pêcheurs ont l’habitude de couper la tête du poisson après l’avoir pris.

(Archives de médecine des enfants par la Société de pédiatrie de Paris, janvier 1911 Gallica)

__________ 16 janvier 1914 __________

Décès de Charles Joseph DÉCHAMPS (1864-1914) grandallais.

« Le Petit Havre »

__________ 1920 __________

Listing des Marins des Grandes-Dalles en service :

Célestin CARPENTIER (1849-1931) (propriétaire aux GD) -:- François-Ferdinand FÉRAS -:- Charles FÉRAS (propriétaire aux GD) -:- Auguste FÉRON (°1862)  -:- Charles LEFÈBVRE -:- Pierre-Léopold LEFÈBVRE -:-   Joseph LEFRANÇOIS (propriétaire aux GD) -:- François LETELLIER (1867-1933) -:- Victor MARCHAND  -:-  Alfred RENAUD -:- Joseph ROBERT (°1870) -:-

_________1924 __________

LE DORIS ANDRÉ A CHAVIRÉ

Peut-être qu’il s’agit du marin, Eugène « Tranquille » Albert Hauchard (1877-1924) domicilié aux Grandes-Dalles, ainsi que Célestin Édouard Carpentier (1849-1931), patron de pêche.

__________ 1925 __________

1925-04-12 « Le Petit Havre »

__________ 13 octobre 1928 __________

1925-01-11 « Le Petit Havre »

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__________ 13 octobre 1928 __________

1928-11-05 « Le Petit Havre »

« Étant embarqué sur le dundee Grandes-Dalles, s’est laissé glisser, par mer démontée, le long d’une aussière au secours d’un camarade qu’il a réussi à sauver.— 13 octobre 1928. « 

Pour avoir sauvé son camarade, Eugène Neveu, matelot du dundee Grandes-Dalles a reçu le prix Raoul Guérin avec 200 francs.

Nous ne savons pas, de quelle ville était originaire Eugène Neveu, mais il pourrait s’agir du marin Fécampois, Charles Eugène Émile NEVEU né le 16 octobre 1890 à Fécamp. L’identité de son camarade sauvé pourrait être Charles Maurice Léon BOUGON (1912-1980) également marin Fécampois.

__________ 30 JUILLET 1948 __________

Explosion du Pluviôse, à bord 3 Grandallais.

Sassetot-le-Mauconduit
Saint-Pierre-en-Port
Chapelle de Notre Dame de Bonsecours Dieppe

14 morts, dont 4 corps retrouvés :

▪ ALEXANDRE Charles, matelot ▪ BATEL René, cuisinier ▪ DUBOC Charles, patron ▪ GAUNET Pierre, radio ▪ GUÉROULT Jean, matelot ▪ HEUWLICH Charles, 3e mécanicien ▪ KOUVALCKOUK André, matelot ▪ LAMIDEL Emile, chef mécanicien ▪ MARTIN Julien, matelot ▪ MORIO Gaston, 2e mécanicien ▪ PASQUIER André, matelot ▪ RICHARD Pierre, matelot ▪ ROBERT François, novice ▪ ROBERT Joseph, second pont.

Le Pluviôse* est un chalutier de l’armement Mallet à Dieppe, qui a explosé le 30 juillet 1948, sur une mine, au large des côtes anglaises des Cornouailles.

Merci à Madame Dallemagne pour ce tableau familial, peint par un membre de sa famille, ainsi que le médaillon de son grand-père.

Charles « Joseph »ALEXANDRE (1890-1948) est matelot sur le Pluviôse. Né à Sassetot, tout comme son frère jumeau, qui n’a pas survécu. Il vit néanmoins aux Grandes-Dalles sur le versant Sassetot, dans la sente du gabion, avec sa sœur aînée dite Émilie, et ses parents, Émile Charles ALEXANDRE (1817-1866) marin, et son épouse Marie « Élisa » CARPENTIER (1854-1936) tisserande. Ses grands-parents, ALEXANDRE et CARPENTIER sont également Grand-Dallais. Ils ont vécu de la pêche et du tissage, et logèrent sur les deux versants du hameau, sur St Pierre et Sassetot. Joseph, comme on le surnomme, laissera à 58 ans une épouse et des enfants.

Julien André MARTIN (1918-1948) est Grandallais de naissance, comme ses deux frères et ses deux sœurs. Leurs parents, Eugène François MARTIN (1885-1961) marin, et son épouse Marie Louise Juliette SÈNE (1894-1973) couturière, sont originaires des Grandes-Dalles. Les Grands-parents MARTIN-DESJARDINS et SÈNE-COLLOS sont également marins et y vivent. Julien, qui est célibataire, est matelot depuis son jeune âge, il mourra tragiquement sur le Pluviôse, âgé de 29 ans.

Jean GUÉROULT (1923-1948), matelot, est le plus jeune des trois Grandallais embarqué sur le Pluviôse, il décédera à 23 ans sous les yeux de sont père embarqué sur un autre bateau. Jean est le fils unique de Julien André Augustin GUÉROULT (1895-1968) marin, qui est originaire de St Pierre, et qui s’installera après son mariage en 1924 aux Grandes-Dalles sur Sassetot, dans la maison familiale de son épouse, Marie « Georgette » DUBOC (1903-1984). Il faut souligner que : Georgette DUBOC a connu beaucoup de tragédie dans sa famille, plusieurs membres de sa famille sont morts en mer : – Son fils Jean que l’on vient de citer. – Son frère Charles Jules Henri DUBOC (1900-1948), ancien Grandallais, était le patron du Pluviôse. – Son père, Jules Maximilien DUBOC (1874-1907), embarqué sur le 3 mats Notre Dame de Lourdes de Fécamp (vu plus haut). – Son oncle Charles Alexandre LETELLIER (1871-1887) (voir plus haut).

 « 30 juillet 1948. En pêche au sud du Cap Lisard (Cornouaille) avec le « Georges-Hélène », le « Varne », le « Pluviôse », « l’Amadie », tous de Dieppe, et un bateau de Boulogne.          

Je viens de prendre le quart à la passerelle du « Georges Hélène ». La pêche est bonne ; le « Pluviôse » a mis une bouée de mouillage, c’est le seul moyen actuel pour bien conserver un lieu de pêche quand il est favorable. La radio est en route, le « Pluviôse » doit virer son chalut et faire route sur Dieppe, sa campagne est terminée ; le patron à cause de problèmes de moteur, demande au « Varne », qui doit partir aussi, de bien vouloir ramasser la bouée. Puis le « Pluviôse » remonte son chalut et c’est la catastrophe : une terrible explosion. Au travers de la gerbe d’eau, on aperçoit sa coque en deux morceaux. Son chalut a dû accrocher une mine. Chacun des autres bateaux accompli le même travail : vite, remontée du chalut et mouvement vers le lieu du sinistre. Parmi une multitude de débris, avec le « Georges-Hélène », nous ramassons un corps ; le « Varne », lui, celui du patron du « Pluviôse », à moitié décapité ; le bateau de Boulogne, un troisième corps. Et plus rien d’autre. La mer est très calme. Les corps sont transférés sur le « Varne » pour qu’il les débarque à Dieppe sur « l’Amadie », un marin du bord est le beau-frère du patron du « Pluviôse », C.D. ; en plus, son fils était également à bord comme matelot, il venait d’obtenir le brevet de patron de pêche. »

Extrait du livre « Souvenir d’un marin Pêcheur » de Robert Hédouin, aux éditions Bertout, 2001.

Famille de Terre-Neuvas, de onze enfants. C’est la pauvreté, parfois la misère. Les enfants contraints de travailler très tôt, avant l’âge légal. Tel est le cadre de vie où naît Robert Hédouin en 1917 à Saint-Pierre-en-Port. Telle est la vie qui le marque profondément, avant que lui-même ne prenne la mer à l’âge de douze ans et demi. Il ne sera pas Terre-Neuvas comme son père, plusieurs de ses frères et cousins. Il assurera la pêche en Manche, en Mer du Nord et Mer d’Irlande. D’abord à Fécamp, puis à Dieppe jusqu’à la retraite. Ces pages ne veulent pas être un beau récit, mais le souvenir vivant, l’expression de ce qui a été vécu.

*(ne pas confondre avec le submersible Pluviôse qui a coulé à Calais en 1910)

 

__________16 juin 1988 __________

Suite à un reportage télévisé sur France 3, les marins terre-neuva des Grandes-Dalles, sont interviewés par le reporter très connu de l’époque, Claude Santelli. Nous avons pu mettre un nom sur trois des quatre marins, Fernand Roger, Robert Bernard dit Nanard et le dernier Jacques Lefèbvre dit Jacquot.

1988 terre-neuvas ROGER-NANARD -LEFEBVRE.jpg

__________ 3 février 2018 __________

Inauguration du mémorial de Fécamp en hommage aux marins terre-neuvas

Les Grandes et Petites-Dalles y sont nommées.

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Liste incomplète des marins pêcheurs ayant vécu aux Grandes-Dalles et mort en mer.

Moets en mer.png

 À noter, quelques pêcheusesCapture d’écran 2019-04-25 à 17.35.23.png

QUESTIONS :

Vareuse CACHOU  ou BLEUE aux Grandes-Dalles?

Réponse de Mr Lecoutre

cachou : Grandes-Dalles

bleu : Yport

Et pourquoi la couleur cachou ?

La couleur cachou peut être obtenue à partir de divers plantes (Areca Catechu ou Palmier à bétel, Acacia Catechu, Nauclea Gambir).
La terminologie de « couleur cachou » est peu représentative, il peut s’agir d’une couleur rouge, mais aussi brune, crème et bleue …

Dans le milieu maritime, depuis le milieu du 19e siècle, on utilise les pigments de cachou pour la teinture, en la fixant dans un bain d’eau de mer, et on attribue sa couleur au rouge-brun.
Cette teinture ou cachoutage, avait une utilité, elle protégeait les voiles de lin et chanvre, ainsi que les pantalons et vareuses de la putréfaction. Pour limiter les moisissures, il fallait tous les ans « peindre » la toile.

Le cachou supplante l’écorce de chêne, qui rendait les voiles brunes, et qui était moins efficace.

LISTE INCOMPLÈTE DES MARINS MORTS EN MER
ENTRE 1700 et 1900
QUARTIERS DIEPPE ET FÉCAMP

par geneacaux.fr (cliquer sur l’image)

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Appuyer sur ce bouton pour écouter, Arlette une habitante des Grandes-Dalles. Elle raconte son histoire en patois sur la chasse et la pêche à pied.

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Pêqueux d’mohues

Anhuy, v’là la partance pou les grands bancs. Euj sommes eul quinze eud février, à çu matin, l’vent est sû, l’fond l’air est fraîche, l’a g’lè à glache!
I faut vaie comme y en a d’la populace à Fécamp. Su les quais on s’écrase les galas. On vèye des ti z’éfants juqués sur z’épaules d’leu pé.
Les bassins, est que des batiâs partout. Est grandiose, pis est biau. Un grand jou pou vaie s’n’aller les grands chalutiers.
J’m’en vas vous caôser du « Saturnia », est su c’ti-là que j’avons mis man sac. Les matelots s’en sont v’nus aveu toute leu famille, même les grands-pés pis les grands-més, pis d’aôtes pou r’gaâder en curieux.
No est tout cotent d’se r’trouver. V’là les ceusses de Sassetot, pis d’Saint-Martin-aux-Buneaux! Là-bas, est les Grecs, oco équilbourdis d’aver mal roupillè. No s’dit boujou, y en a même qui s’bécote itou, entre belle-soeu et bru.
Pis les mousses, à leu premier viage, i z’ont d’la jappe.
Là, est des nouveaux, queuqu’Bretons qu’ont fait leu preuve, sûr, à Saint-Malo.
J’en vèye un d’cheu mè qui m’dit qu’on vient d’l’enrôler y a pas lotemps.
Faut vos die qu’ch‘est l’capitaine qui fait s’n’équipage. On navigue à chiquante-huit su ces rafiots-là.
Est cheu li qu’cha s’passe, on discute pou eune demi-part, pou un quart de part: quate chens parts pou l’armateur, chent parts pou les marins, à li d’bien partager.
Donc, c’ti-là s’en est v’nu pou vaie si qu’i érait pin oco eune plache pou un décolleux.
L’cap’taine a dit:
« Est de r’gret… »
Sa bonne femme qui guettait pa la croisèye:
« Nénesse, prends-en un d’pus, tu sais bien qu’t’en perds toujou un ou deux tous z’ans ! ! »
Est comme cha qu’i s’ra aveuc nos aôtes. C’que j’en dis, est-i vrai ou bin des ment’ries ? Bien savant c’ti-là qui l’sait !
La tite coupée par oyou qu’on monte à bord est ras pleine. Gaffe de pin s’foute bas! D’pin teumber à la patouille! En v’là qui montent aveuc leu z’affutiâs, leu grande pouquée qu’est tout leu quintin ; pis d’aôtes qui d’chendent pour die oco un boujou à leu poulot.
Les causses arrivés avant z’aôtes s’en viennent qu’ri la meilleue banette dans l’poste à tribord, sous l’gaillard d’avant là où i vont s’doulaïser, si on peut die, quand i éra pin trop d’pesson ou pa les grosses piaules quand on s’ra sous cape. Y a des caillebottes tout neufs, l’vaigrâge est tout rapetassé oyou que j’vas crocher man cirage et man suroit.
L’bassin est un sas, on entre et on sort à marée haute ; v’là qu’on a ouvert les portes! La qu’minèye déboucane, les mécanos ont lancè leu diésel ; larguez les amarres! Chouque pou les r’monter et bien les lover.
Pis on s’déhale, no v’là partis pou au moins trois mouès. Dehors, y a un gros clapot, on s’ra vite amarinés.
Tout l’biau monde s’encoure pou nous vaie passer les digues et nous fé du bras.
« Agite eul batè que l’moucheux i s’envole! »
Ma mé m’avait dit:
« Faut-i ête fô à lier pou s’n’aller pêquer su des p’tits mouille-culs comme cha! »

P. DUFRESNE, Bolbec, Université rurale cauchoise

Vocabulaire:
Les Grecs : les Yportais
Équilbourdi: étonné
A ver d’la jappe: bavarder fort
Décolieu: matelot qui coupe les têtes
Quintin: toutes ses affaires, tout son bien
Doulaïser: être à son aise
Piaule: tempête
Clapot: gros temps
Cirage: vêtement imperméable
Chouquer: tirer fort.

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La pêque à pièd

Quand qu’les couseins, couseines se r’trouvent, se r’découvrent ensembe, en vacanches, au bord de la mé en mêïme temps, faut s’occuper.

L’mieux, est la pêque.
« Queu pêque que j’allons fé an’huy ? Comment qu’est la mahèye ? D’oyou qu’est l’vent ?
-Veux-tu fé un coup d’pousseux ?
– Qui qu’ch’est un pousseux ?
– Est comme qui dirait un ov’leux qu’a pardu ches dents, pis que j’y ons amahè un filet su l’devant, pis ramouchè au milieu du manche. Tu vas vaie, si tu fais la d’chendante pis la montante, tu s’sas tannèye…
A mouins qu’tu veules fé un coup d’fouènes. Là, j’aïme mieux t’die tout d’suite, si t’es prinze pa les reins, tu pouhas pin cotinuer. Est te qui t’sens!
J’pourrions aller étou à lannets ou à balanches. Là, nos faut trouver des roussiâs pou hâquer. Faudra rarriver d’bonne heuze. Pis si j’pêquons pin d’salicoques, j’irons à vignots, pét-ête que j’trouv’rons des bulots ! tu sais bien, est un genre de calipétôts d’mé en pus gros pis pus pouintu…
Si j’sommes berniques, j’pourrons toujou ram’ner des lampottes… J’dis cha histoué d’rie.
La pêque est pin comme la cache, en trachant bien, j’reuv’nons jamais berdouille.
D’vieuilles affés, j’en trouv’ons bien pou s’affrêler, mais pou s’caôcher, eul mieux est oco eune bonne pé d’galôts, l’fond d’la mé, il est souvent mal pavè…
T’casses pin la têïte, mache ! Si j’ram’nons rien… A s’sait l’bouquet
Comme euj disons cheu nous, pas ?
« Faute de pesson, no mâque des moules».
Si la mé découve assez louin, j’irons jusqu’à la moulié…
Au fait ! Comment qu’t’as trouvé l’pesson d’tan fré, hié au soué ?
Il était un ptieu mouligache, pas ?
J’pouvais pin l’envaler, cha f’sait d’la miviache, pas ?

L’Paulu de Veules-les-Roses

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Glossaire du patois normand / par M. Louis Du Bois édition de  1856


Le Dauphin, dernier terre-neuva de Fécamp, 1981 « INA ».

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