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Article d’Actu 76

Par Valentin Lebossé Publié le 7 Août 23 à 11:24 

https://actu.fr/normandie/saint-martin-aux-buneaux_76613/pres-de-fecamp-on-a-visite-la-plus-belle-grotte-de-normandie_59937400.html

La grotte des Petites-Dalles

Près de Fécamp, on a visité « la plus belle grotte de Normandie » !

Entre Fécamp et Saint-Valery-en-Caux, la grotte des Petites-Dalles est la plus longue cavité naturelle en Seine-Maritime. Un lieu d’intérêt scientifique et patrimonial majeur.

Avec plus de 800 mètres de galeries dont 410 ouverts au public, la grotte des Petit-Dalles est la plus longue des cavités naturelles répertoriées en Seine-Maritrime. (©VL/76actu)

En Seine-Maritime, la côte d’Albâtre n’offre pas que des points de vue vertigineux depuis ses hautes falaises de craie. Nichée dans une valleuse verdoyante à quelques encablures du rivage, entre Fécamp et Saint-Valery-en-Caux, la grotte des Petites-Dalles mérite également le détour. 76actu vous la fait découvrir.

« La seule grotte de Normandie visitable en tenue de ville »

Ses 410 mètres de galerie aménagés pour le public avec éclairage électrique en font, selon Jean-Pierre Viard, « la seule grotte de toute la Normandie visitable en tenue de ville ». Néanmoins, le responsable technique du site recommande chaudement d’enfiler une petite laine. Car « la température y reste constante à 11 °C, été comme hiver ».

Coiffés d’un casque, nous voilà fin prêts à explorer les entrailles de la Terre. Un voyage dans le temps, à la découverte du long travail de l’eau qui a façonné cette cavité naturelle, rendue accessible par un collectif de passionnés embarqués dans une formidable aventure spéléologique vieille de 50 ans et qui se poursuit aujourd’hui.

800 000 ans d’histoire

Contrairement à ce que son nom pourrait laisser croire, la grotte des Petites-Dalles ne se résume pas à une cavité unique. Il s’agit en réalité d’un réseau de galeries souterraines dont la formation a commencé il y a près de 800 000 ans. Bien avant l’arrivée des premiers hommes en Normandie (environ – 550 000 ans) !

Cette grotte est donc apparue de façon naturelle, par l’action de l’eau infiltrée dans la craie, une roche très poreuse.

Cette boule est un fossile d'oursin, témoin du temps lointain où la mer recouvrait la région.
Cette boule est un fossile d’oursin, témoin du temps lointain où la mer recouvrait la région. (©VL/76actu)

« L’eau de pluie est chargée en CO2, ce qui la rend acide, explique Nicolas Lecoq, spéléologue indépendant et enseignant-chercheur à l’université de Rouen. Elle s’infiltre dans le sol notamment par des bétoires [dépression de terrain où s’engouffrent les eaux de ruissellement, NDLR] jusqu’à rencontrer une couche imperméable, ici une feuille de silex. À partir de là, elle dissout la roche calcaire située au-dessus et finit par creuser des conduits. La formation de la grotte se fait donc du bas vers le haut. »

Ce processus, très lent, s’étale sur plusieurs centaines de milliers d’années. « On estime que la dernière goutte d’eau à avoir coulé dans la grotte remonte à 80 000 ans », avance Nicolas Lecoq.Vidéos : en ce moment sur Actu

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De 60 à 800 mètres de galeries !

Ces observations sont le fruit de plus de 50 ans de recherches. En 1966, le site est inventorié pour la première fois par le Spéléo-Club de Rouen à l’invitation de l’un de ses membres, François Desbordes. Cet habitant de la commune voisine de Saint-Pierre-en-Port avait repéré ce trou situé dans une ancienne carrière à ciel ouvert.

Mais à l’époque, la cavité n’est accessible que sur une soixantaine de mètres, comme en témoignent ces graffiti sans doute tracés par des adolescents en mal de sensations fortes, sur les parois de ce qui correspond à l’actuelle zone d’entrée de la grotte.

Ce graffiti date de la Seconde Guerre mondiale.
Ce graffiti date de la Seconde Guerre mondiale. (©VL/76actu)

Pour aller plus loin, il a fallu la désobstruer. C’est-à-dire retirer les dépôts de sédiments que l’eau a laissés après son périple à travers le sol. Un chantier titanesque que Jean-Pierre Viard, 86 ans, dirige depuis 1989.

En 34 ans et « 1 423 jours de travaux », « 178 personnes » ont contribué à l’extraction de « 3 300 m3 d’alluvions ». De quoi (presque) remplir une piscine olympique profonde de 3 mètres ! Wagonnets électriques, brouette autotractée conçue avec un avant de R5 et un moteur de mobylette… Le retraité de chez Renault Cléon a usé de son ingéniosité pour surmonter les obstacles du sous-sol.

Il faut parfois se contorsionner pour explorer ce dédale de galeries.
Il faut parfois se contorsionner pour explorer ce dédale de galeries. (©VL/76actu)

Résultat : la grotte des Petites-Dalles totalise désormais plus de 800 mètres de développement. Ce qui en fait la plus longue cavité naturelle connue en Seine-Maritime. Et « la plus belle de Normandie », jure notre guide en souriant dans sa barbe blanche. La portée « exemplaire » de ce projet a valu à Jean-Pierre Viard et son équipe de recevoir, en 2017, un prix de la Fédération française de spéléologie (FFS).

Un témoin de l’évolution du climat

La FFS assure d’ailleurs la location (gracieuse) du terrain auprès de sa propriétaire, permettant la poursuite des travaux de désobstruction et des recherches scientifiques. Nicolas Lecoq et ses pairs viennent par exemple y chercher des clés de compréhension sur « l’évolution de la ressource en eau en lien avec le réchauffement climatique ».

Ces strates de sédiments témoignent des évolutions de l'écoulement de l'eau et donc du climat.
Ces strates de sédiments témoignent des évolutions de l’écoulement de l’eau et donc du climat. (©VL/76actu)

Le long des parois, différentes strates de sédiments forment comme un livre ouvert sur l’histoire climatique de la région, explique l’enseignant-chercheur : « On peut voir des dépôts clairs et foncés, des éléments plus ou moins grossiers parce qu’il y a eu plus ou moins d’eau en circulation. » Ce qui signifie que « le climat n’a pas toujours été constant ».

Afin de surveiller le niveau de la nappe phréatique, les spéléologues ont aussi creusé un puits profond de 14 mètres dans la galerie dite « du Siphon », un affluent de la galerie principale.

Le puit creusé par les bénévoles dans la grotte des Petites-Dalles.
Le puit creusé par les bénévoles dans la grotte des Petites-Dalles. (©VL/76actu)
Des visites à venir

Facile à visiter, le lieu s’apparente à une véritable « grotte école » pour les étudiants qui s’y rendent chaque année depuis Rouen, Le Havre, Angers ou encore Strasbourg.

Le grand public peut également y accéder depuis 1998. « Au total, nous avons accueilli plus de 22 000 visiteurs », signale Jean-Pierre Viard. Le syndicat d’initiative des Petites-Dalles organise des visites (à partir de 7 ans, 2 euros par personne, gratuit pour les moins de 16 ans) en juillet et en août. La prochaine est programmée mardi 8 août 2023 (possibilité de réserver en ligne).

En noir, des crottes de chauves-souris. Les spéléologues ne sont pas seuls dans la grotte !
En noir, des crottes de chauves-souris. Les spéléologues ne sont pas seuls dans la grotte ! (©VL/76actu)

D’autres visites, cette fois à l’initiative des bénévoles de la grotte, se tiendront les samedi 9 (de 14 heures à 18 heures) et dimanche 10 septembre 2023 (de 9 heures à 17 heures), gratuites et sans réservation.

En complément, le site du